Comment aider un proche qui souffre de démence ? J’ai demandé à quelques praticiens et facilitateurs qui ont soit pris soin d’un proche ou qui travaillent dans le secteur des seniors comment ils utilisent les outils d’Access Consciousness® dans ces situations.
Une autre approche de la démence ?
Selon la définition de l’OMS, le terme de « démence » couvre « plusieurs maladies qui affectent la mémoire, la pensée et la capacité à réaliser des tâches quotidiennes ». Elle est souvent associée au vieillissement, mais touche aussi des personnes plus jeunes. On estime aujourd’hui à 55 millions les personnes souffrant de démence dans le monde, dont environ 70 % d’Alzheimer. Et les chiffres augmentent à la vitesse de l’éclair.
Gary Douglas, le fondateur d’Access Consciousness, explique que la personne souffrant d’Alzheimer glisse hors de cette dimension pour aller ailleurs où elle est plus présente. Il s’agit d’une échappatoire, d’une façon de ne pas savoir ce que l’on sait, de se couper de sa conscience. Cet éclairage permet d’offrir tout un panel d’outils différents pour aider les patients et les proches aidants.
Une expérience des outils d’Access en EHPAD
Béatrice Bruguera, psychologue, Facilitatrice Access Bars® et praticienne des processus corporels d’Access travaille en EHPAD* depuis plus de 20 ans. Elle y accompagne de nombreuses personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer ainsi que leurs familles. Elle a intégré les outils d’Access à sa pratique auprès des résidents de l’EHPAD. Béatrice nous livre son expérience.
*En France, EHPAD signifie Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
« Les séances d’Access Bars® fonctionnent très bien sur les malades. Cela permet de créer un apaisement de leur souffrance face au manque de repères qu’ils ressentent, face au fait qu’ils se sentent diminués et en échec face à tous les actes de la vie quotidienne qui auparavant étaient simples. L’un des effets les plus visibles des Bars est la diminution de l’agitation. »
En réalité, les Access Bars seront une grande contribution pour tous: personnel, proches et patients. En effet, elles permettront à chacun de sortir de plus en plus de la tension, des émotions, des attentes et déceptions, etc.
« Quant aux familles, poursuit Béatrice, elles ne connaissent pas la maladie et sont bien démunies. Elles cherchent à ce que la personne redevienne comme avant. Elles cherchent à contrôler la situation et il leur est difficile de lâcher prise et d’accepter que la personne devienne quelqu’un de différent. »
Du lâcher-prise au laisser-être
Face aux oublis, aux troubles du comportement, à l’agressivité parfois, ou même la méchanceté, il est difficile de ne pas être dans le jugement. Les proches sont souvent bienveillants et comprennent que ce n’est pas personnel. Pourtant il peut être très difficile de se trouver en présence d’un parent, un frère ou une sœur, par exemple, qui ne vous reconnaît pas ou se comporte de manière infâme avec vous.
Le lâcher-prise, hélas, est difficile. En fait, il ne fonctionne pas, car il implique une acceptation en dépit de son ressenti. Il y a donc encore une charge. On n’est pas vraiment libre avec le lâcher-prise.
Être « point de vue intéressant** » permet d’éliminer la charge et de parvenir au laisser-être qui vous permet de voir les choses pour ce qu’elles sont sans en être affecté. Vous pourrez alors être présent à la personne là où elle est.
**Regardez cette vidéo sous-titrée en français du Dr Dain Heer pour en savoir plus sur l’outil « point de vue intéressant ».
Communication verbale vs communication énergétique
Une autre difficulté vient du fait qu’il y a un décalage entre la communication verbale et la communication énergétique. Il peut donc être utile de s’entraîner à se connecter à ce que la personne exprime énergétiquement plutôt que verbalement.
Il n’y a pas de comment particulier à cela, seulement la volonté de prêter attention à ce qui est dit énergétiquement et beaucoup d’entraînement. Être « point de vue intéressant » vous aidera grandement à écouter de mieux en mieux l’énergie sans s’attacher aux mots. Nous le faisons déjà tous naturellement, sans nous en rendre compte. Reconnaître cette façon de communiquer vous permettra de l’amplifier et de la peaufiner. Et vous aurez aussi plus d’aisance à pratiquer ce qui suit…
Aller chercher la personne là où elle est
Voici ce que Gary Douglas propose aux proches aidants : « si vous êtes disposé à faire fi de cette réalité et à aller là où l’autre est présent, vous pourrez le ramener lentement mais sûrement à la réalité présente. Il sera avec vous tant qu’il ne sera pas distrait par la radio, la télévision ou une autre personne. Vous pourrez avoir de formidables conversations avec lui, mais dès quelqu’un d’autre arrive, il retournera dans cet autre endroit.
C’est une tâche ardue, car vous devez vous laisser avoir la sensation de basculer. Quand vous laissez aller cette réalité pour retrouver la personne là où elle est, vous pourriez avoir une sensation bizarre, comme si vous étiez ivre. Quand vous êtes avec l’autre, parlez-lui jusqu’à ce qu’il revienne dans cette réalité. »
Avec un peu de pratique, cette façon de communiquer vous permettra d’avoir des moments de présence avec la personne.
Laisser tomber les résistances
Béatrice Bruguera conseille encore aux proches de ne pas culpabiliser ni de se reprocher de perdre patience. À cet égard, vous pourrez lire Vivre au-delà des distractions où vous trouverez des outils qui vous aideront à sortir de la culpabilité et du reproche notamment. Béatrice poursuit: « Il faut apprendre à demander de l’aide et à prendre du temps pour soi, à ne pas se sacrifier pour l’autre. »
Il est très facile de tomber dans la résistance quand on a une vie active et qu’on doit ménager du temps et de l’espace pour un parent dépendant. Dès que l’on résiste, tout devient difficile, pénible et mène au ressentiment, voire au désespoir.
S’avouer que malgré tout l’amour qu’on peut avoir pour un proche, l’autre est devenu un fardeau est difficile. Mais le reconnaître, sans se juger, est un énorme premier pas !
Personnellement, le livre de Gary Douglas et du Dr Dain Heer, Le Berceau des possibilités infinies a été une énorme contribution. Une seule question m’a permis de changer la donne et de ne plus résister : « Qu’est-ce que l’autre requiert de moi ? Et suis-je disposé·e à le faire ? »
En effet, vous pouvez très bien être engagé envers quelqu’un, mais cela n’implique pas que vous deviez vous sacrifier ! Faites ce qui fonctionne pour vous, incluez l’autre et surtout incluez-vous dans vos choix. Lorsque vous sortez du ressentiment et que vous posez cette question à chaque fois, vous verrez les choses s’alléger grandement et en fin de compte, devenir une source de joie de contribuer !
Pour commencer :
Trouver un praticien ou un facilitateur Access Bars
Pour contacter Béatrice: beabruguera@orange.fr